Piton des Neiges : le vrai du faux ?

Mes courbatures méritent bien qu'on raconte un peu l'épreuve du Piton des Neiges, car épreuve c'est bien un mot qui qualifie bien cette rando. 

Tout le monde fait le Piton des Neiges, que ce soit les touristes sportifs pour qui c'est même une étape obligatoire, ou même les randonneurs du dimanche (comme moi) qui vivent ici et pour qui ça devient un défi qu'on se lance. Alors depuis un moment on en a entendu des choses sur le Piton mais il faut démêler le vrai du faux, le vécu de l'exagéré...

Idée reçue numéro 1 : le Piton des Neiges c'est que des cailloux : 

Bon ok, la dernière heure, c'est que de la caillasse, ça roule sous les pieds, ça tourne les chevilles (d'ailleurs pour ceux qui n'ont pas de souplesse aux chevilles, c'est important d'avoir de bonnes chaussures montantes), niveau paysage et point de vue, c'est monotone.

C'est vrai. SAUF que déjà sur 8heures de randonnée, ça représente seulement 2 heures de marche, dont la première, si vous voulez voir le lever de soleil, se fera la nuit. La nuit, c'est connu, il fait nuit, donc pas de vue. Autant marcher la nuit quand la vue est pourrie non ? 

En dehors de ce "court" passage, le paysage est varié, et quand on réfléchit bien, c'est très logique ! Je ne sais pas pourquoi j'ai crû tous ces menteurs qui ne se rappelaient que du passage caillouteux. Quand on fait 1700 m de dénivelé, la nature évolue forcément. Avant les cailloux ça ressemble à ça :

Et à un moment, le meilleur d'après moi (très objectif bien sûr comme avis), on voit même des tamarins !!!

Idée reçue numéro 2 : c'est trop dur

Ok j'avoue, c'est l'idée reçue que j'avais le plus intégrée. Bon déjà il faut bien garder en tête qu'il existe plusieurs itinéraires qui présentent chacun leurs difficultés. Là je vais parler de la randonnée que j'ai faite, depuis le Bloc. Elle présente l'avantage d'être relativement courte sur deux jours, 8 heures, ça se fait largement. 3heures le premier jour, ensuite vous vous reposez bien. 5 heures le lendemain mais principalement de la descente.

Inconvénient majeur : le dénivelé. Très raide, et très rapide car vous faites 1000m environ le premier jour (en 3 heures donc) et 700m le deuxième jour (en 1h50). C'est de loin ce que j'ai fait de plus raide. Sauf que la photo des tamarins vous montrent quelques instants de répit, très agréables. Et la photo d'avant vous montre la réalité : des marches (bon la plupart ne sont pas comme ça bien sûr). Sans cesse. ça monte, et ça monte, et vous vous dîtes que ça n'en finira jamais de monter. Normal, on va au sommet. Pour le moral, ça craint. Pour les jambes, faut avoir du carburant et ça monte quand même. Mais franchement, ça reste faisable. C'est loin d'être impossible même pour les coeurs non vaillants.  

Idée reçue numéro 3 : le gite est tout pourri

On m'a tellement répété encore et encore que le gite était pourri que je m'imaginais une case en tôle tenue par des escrocs ermites, du genre qu'on trouve dans les westerns, prêts à vous tuer si jamais vous ne prenez pas le repas au gite.

Déjà il faut savoir que juste après les marches plus haut (vous en êtes à peu près à 2h50 de montée, moral au plus bas), vous dépassez la crête, celle qui vous fait rager et suer depuis au moins 1heure. Et derrière la crête : le gite. Hallelujah. Franchement, je n'ai jamais été aussi contente de voir un gite. Rien que pour ça, c'est sublime ce gite. Pour moi, c'est LE plus beau gite. Non j'exagère là, mais c'est un gite de montagne, à l'ancienne, sans confort superflu mais avec d'excellentes couvertures pour la nuit. Arrivez le plus tôt et vous aurez un lit sympa (pas celui qui colle au plafond). On n'avait pas pris le repas (ils indiquent réservation 48h à l'avance mais au final on nous l'a proposés sur place le jour même) mais on a pu manger au chaud, sur une table en bois. A l'ancienne quoi. Petit déj le lendemain, des brioches et une boisson chaude. Simple mais efficace. Après tout c'est ce qu'on attend d'un gite non ? Une nuit au chaud et un bon petit déj. Comme dans tous les dortoirs, vous avez une chance sur deux de dormir avec un ronfleur...

Idée reçue numéro 4 : les noms ne sont pas ce qu'on croit qu'ils sont :

Nous on a fait "le Bloc", puis le Piton depuis "la caverne Dufour". Attention aux noms...Même si c'est raide, vous n'allez pas monter un bloc d'escalade, c'est promis. Et la caverne c'est ça : 

Pas de cromagnons ni de peinture, on vous rappelle que le peuplement à la Réunion c'est tout récent. Pas de chauve-souris non plus, on est trop haut. Quant au piton "des Neiges", je dirai que c'est vrai, et c'est faux. On est en octobre, il n'y avait pas de neige. Pour le froid par contre, on a vu ressurgir des manteaux qui sont habituellement prévus pour la neige : les blousons de ski c'est super car le vent est glacé...Mais ça va, faut juste s'y faire, et ne pas rester trop longtemps...D'ailleurs, dernière idée reçue mais ça reste aléatoire et personnel. Se lever à 3 heures du matin pour être en haut à temps pour le lever du soleil, c'est sympa pour la lumière, vos photos seront belles, mais la vue n'était pas dégagée. Il a fallu attendre 8 heures (et on était déjà dans la descente) pour voir les nuages se dégager complètement sur les cirques. En gros : vous choisissez : si vous voulez une belle lumière et éviter de monter la caillasse sous le cagnard, levez vous avant l'aube. Si vous voulez une vue plus dégagée, partez à l'aube, le temps de monter, vous aurez peut-être plus de chance. Ou alors, campez en haut mais là bon courage pour le froid ! 

Petit résumé : 8h de montée, 1700 mètres de dénivelé et 30 minutes au sommet...waouu !